diagnostic – Voix Offhttps://voixoff.infocomlannion.fr/Écouter ceux qu'on ne voit pasThu, 07 Mar 2019 16:17:44 +0000fr-FRhourly1https://wordpress.org/?v=5.5.3158445566 Camille, de salle d’attente en salle d’attentehttps://voixoff.infocomlannion.fr/2019/03/07/camille-de-salle-dattente-en-salle-dattente/Thu, 07 Mar 2019 09:50:16 +0000https://voixoff.infocomlannion.fr/?p=752L'endométriose est une maladie méconnue, elle touche pourtant une femme sur dix. Camille Dumont, a longuement souffert avant d'être diagnostiquée.

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L’endométriose est une maladie provoquant de nombreuses douleurs et des problèmes multiples : nodules, kystes, infertilité, douleurs lors des rapports et des règles… Si cette maladie est largement méconnue, elle touche pourtant une femme sur dix. C’est le cas de Camille Dumont, Mantallotoise, qui a longuement souffert avant d’être diagnostiquée. 
Camille Dumont, 24 ans, a ressenti les premiers symptomes de l’endométriose en 2015.

Camille tire nerveusement les manches de son haut à manches longues.« C’est stressant de parler de soi comme ça ! », avoue-t-elle de sa voix douce. À part lors d’une conférence sur l’endométriose, l’année dernière, la jeune femme de 24 ans n’a jamais parlé publiquement de sa maladie.«Tout a commencé en 2015,se lance-t-elle.Je n’avais jamais eu de douleurs de règles, mais je me suis mise à avoir mal au ventre extrêmement violemment. C’était à chaque minute, ça ne s’arrêtait jamais. »

Deux années interminables

Camille consulte des médecins, passe des examens, mais rien n’est détecté. Pendant un an, elle se fait prescrire des médicaments pour soulager la douleur, sans savoir ce qu’elle a. «J’en suis venue à avaler jusqu’à 20 comprimés par jour »,dit-t-elle dans un soupir. La jeune femme décide ensuite d’arrêter de prendre la pilule, dans le but d’avoir un enfant avec son compagnon.« Là, j’ai commencé à avoir mal aux ovaires, à l’utérus, et des douleurs atroces pendant les règles et les rapports sexuels. »De nouveau, elle enchaîne rendez-vous et examens, en vain. C’est alors qu’elle se met à penser à l’endométriose, cette maladie où l’endomètre, c’est-à-dire la muqueuse qui tapisse l’utérus, remonte via les trompes avant de se développer hors de l’utérus, ce qui provoque des lésions, des adhérences et des kystes. Elle se rend alors au CHU de Rouen, renommé dans la prise en charge de cette pathologie, et obtient enfin un diagnostic : elle souffre d’endométriose profonde et d’adénomyose, une endométriose interne à l’utérus.

« Il aura fallu deux ans pour que je sache. C’est rapide par rapport à la moyenne, mais je peux vous dire que ça semble interminable. »Derrière le calme apparent de Camille, il y a de la colère. Colère de n’avoir jamais été écoutée. Colère d’avoir été abandonnée.« Ne pas se faire entendre, c’est tellement dur… On se remet beaucoup en question. Je commençais moi-même à douter, je me disais que, oui, c’était peut-être dans ma tête,avoue Camille.En tout, j’ai vu une bonne dizaine de médecins. Ce n’était pas possible, d’après eux : “Vous n’avez rien, Madame !” Un médecin du Trégor m’a même traitée de folle alors qu’il avait les examens de l’endométriose sous les yeux, faits par des professionnels. »

Après le diagnostic, l’opération

Le diagnostic sonne comme une délivrance, mais ne marque pas la fin de son parcours de combattante. Pour l’endométriose, il n’existe aucun traitement, à part la pilule, qui limite la propagation de l’endomètre, et les anti-douleurs.« On m’a laissé le choix entre me mettre en ménopause artificielle ou faire une opération,explique-t-elle.Je voulais un enfant, donc j’ai choisi l’opération, que j’ai subie en juillet 2017. »Une intervention chirurgicale qui permet de réparer les lésions dues à la maladie mais pas d’en empêcher de nouvelles de se former.« Ils m’ont ensuite laissé six mois pour tomber enceinte, sinon c’était la PMA [Procréation médicalement assistée]. »Une étape par laquelle de nombreuses femmes atteintes d’endométriose sont obligées de passer, 40% d’entre elles rencontrant des problèmes d’infertilité. Deux mois plus tard, la jeune femme tombe enceinte.« Huit semaines après, j’ai fait une fausse couche.», souffle-t-elle.

La douleur du souvenir est encore vive. D’une voix tremblotante, elle raconte le moment de l’annonce quelques minutes plus tard.« Le médecin a montré à l’interne en formation, qui se trouvait à côté de lui, que mon bébé était mort. Alors que j’étais là, devant lui, allongée ! Mais à moi, il n’a rien dit. Je n’oublierai jamais ça… »Aujourd’hui, Camille est en PMA à Rennes.

La confiance brisée

« C’est une maladie qu’il faut vivre pour comprendre », lâche-t-elle. En plus des souffrances physiques et psychologiques qu’elle engendre, elle isole beaucoup.« La famille et les amis ne voient pas tout ce qu’on vit,regrette la jeune femme.Au début, les gens n’étaient pas tous compréhensifs. En plus, comme ça touche aux règles, à la féminité, c’est parfois difficile d’en parler, certaines personnes sont moins réceptives. »Camille s’estime tout de même chanceuse : son compagnon l’a beaucoup soutenue et accompagnée à travers ces épreuves, même si« c’était compliqué pour lui de me voir dans cet état, il se sentait totalement impuissant ».

Elle trouve un peu de soutien et de réconfort dans des groupes de parole, où elle peut enfin échanger avec des personnes qui connaissent les mêmes souffrances qu’elle.« C’est génial au début, mais ça devient vite une spirale infernale, on ne pense plus qu’à la maladie. Il faut aussi savoir s’en s’éloigner. »

« Je ne sais pas si je referai confiance un jour à un médecin »

S’agissant des symptômes, Camille note une amélioration.« J’ai commencé à aller voir une ostéopathe à Lannion en octobre dernier, ça a été absolument magique,s’exclame-t-elle, un immense sourire réveillant son visage.J’ai moins de douleurs, et elle a réussi à m’enlever un kyste que j’avais depuis deux ans ! »Sans solutions proposées par le médecine traditionnelle, Camille s’est tournée vers des méthodes alternatives, à partir du début d’année 2018. Pendant 9 mois, elle a eu recours à une alimentation anti-inflammatoire. Elle a également consulté des magnétiseurs et des hypnotiseurs, avant de trouver l’ostéopathe qui lui fait des miracles.« Aujourd’hui, j’ai mis de côté la médecine traditionnelle. Même si l’opération m’a aidée, je ne sais pas si je referai confiance un jour à un médecin. »

Une heure est passée depuis que Camille a commencé à raconter son histoire. Ses yeux noisettes brillent, mais un sourire sincère se dessine sur ses lèvres. Parler soulage.« On ne sait jamais de quoi demain est fait, alors j’avance au jour le jour, en restant positive. » 

Cassandre Leray, Anouk Loisel

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Laurence, atteinte de fibromyalgie : « On finit par se dire que c’est dans notre tête »https://voixoff.infocomlannion.fr/2019/02/15/portrait-laurence-atteinte-de-fibromyalgie-on-finit-par-se-dire-que-cest-dans-notre-tete/Fri, 15 Feb 2019 11:35:06 +0000https://voixoff.infocomlannion.fr/?p=568Comme 2 à 5% de la population française, Laurence Meuric est atteinte de fibromyalgie. Cette maladie se caractérise par des douleurs diffuses et multiples, dont la cause n’est pas connue actuellement, et qui englobe une centaine de symptômes différents, ce qui la rend difficile à déceler. Pour cette femme de

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Comme 2 à 5% de la population française, Laurence Meuric est atteinte de fibromyalgie. Cette maladie se caractérise par des douleurs diffuses et multiples, dont la cause n’est pas connue actuellement, et qui englobe une centaine de symptômes différents, ce qui la rend difficile à déceler. Pour cette femme de 46 ans, l’errance diagnostique a duré une année.

Assise sur le fauteuil de son salon, dans sa maison de Trébeurden, Laurence Meuric sourit malgré une mine fatiguée. Elle a découvert en 2012 qu’elle souffrait de fibromyalgie. Une pathologie qui se caractérise notamment par des douleurs chroniques et une fatigue extrême. « C’est pour ça que j’ai du mal à rester debout. Mes muscles ne tiennent pas. »

Doucement, Laurence retrace son parcours. Plusieurs centaines de feuilles entre les mains, elle se remémore l’apparition des premiers symptômes. C’était en septembre 2011, après une opération de la thyroïde compliquée. Des douleurs soudaines et insupportables bouleversent alors son quotidien. « Du jour au lendemain, je me suis mise à avoir mal tout le temps, particulièrement aux épaules, au trapèze. On m’a dit que c’était à cause du positionnement de la tête pendant l’opération, mais j’avais de plus en plus mal et j’étais de plus en plus fatiguée », se souvient-elle.

Mettre un mot sur les souffrances

Malgré des douleurs permanentes, Laurence estime avoir« de la chance » : elle a été diagnostiquée au bout de « seulement » un an, quand d’autres ne le sont parfois qu’au bout de cinq, voire dix ans. « L’étape la plus compliquée, c’est celle du médecin, qu’on doit convaincre qu’on a mal même s’il ne voit rien sur les examens », analyse la quadragénaire. En avril 2012, plus de six mois après l’apparition des premiers symptômes, son médecin généraliste l’envoie vers un rhumatologue, qu’elle rencontre en octobre 2012. Le diagnostic est posé : Laurence est atteinte de fibromyalgie. « Il y avait enfin un nom sur mes douleurs. Quand on souffre au quotidien et qu’on ne sait pas ce qu’on a, on se dit tout : on finit par se dire que c’est dans notre tête, ou alors qu’on a peut-être une maladie incurable que les médecins ne veulent pas nous avouer… »

Puisque rien ne peut guérir définitivement la maladie, les personnes atteintes de fibromyalgie se voient contraintes d’adapter leurs activités quotidiennes, de peur de trop souffrir en cas d’efforts. « Il y a plein de choses qu’on ne peut plus faire. Il faut écouter davantage son corps… Il faut compter trois ou quatre jours pour faire le ménage, se limiter à une demi-heure de marche… Mais j’essaie quand même de continuer à sortir pour me changer les idées. » La veille de notre rencontre, justement, Laurence et son mari sont sortis marcher. Gilles, assis sur le canapé, regarde sa femme épuisée avec tendresse. « On a été se promener pendant une heure parce qu’on avait des amis donc on s’est forcés un peu, et depuis elle ne fait que de dormir. Il va lui falloir trois jours pour s’en remettre. »

Laurence sort un des innombrables dossiers contenant ses documents médicaux : ordonnances, résultats d’examens… Les malades ne se voient rien prescrire à part des anti-douleurs, pas toujours efficaces. Laurence a choisi d’arrêter les traitements en juillet 2017, constatant qu’ils lui provoquaient trop d’effets secondaires alors même qu’ils ne calmaient pas réellement la douleur. Elle a donc choisi de se tourner vers des médecines alternatives : en plus de la kinésithérapie, elle a recours à la balnéothérapie (soins effectués par des bains généraux ou locaux) et à la gym douce, et a même été voir un guérisseur. « Ce sont nos seules solutions, il ne nous reste plus que ça… », confie Laurence.

Incompréhension et isolement

Le grand regret de Laurence : que la maladie soit si méconnue, entraînant chez les patients un sentiment d’isolement et d’incompréhension. La réaction de l’entourage, en premier lieu, est décisive. Gilles, le mari de Laurence, la soutient depuis le début. « Je la connais, ce n’était pas dans ses habitudes de rester prostrée. Je voyais bien que quelque chose n’allait pas », raconte-t-il, avant de laisser sa compagne poursuivre. « Mais il y a des amis et des collègues qui n’ont pas compris, qui disaient que je n’avais pas envie de travailler, que j’étais juste fainéante… »

Pour lutter contre ce sentiment d’isolement et libérer la parole des malades, Laurence a créé l’association Ma fibromyalgie au quotidien en 2015, parce qu’ « une fois diagnostiqués, on est lâchés dans la nature sans savoir quoi faire ou à qui parler ». L’objectif : aider les malades dans leurs démarches, mais surtout leur permettre d’échanger entre eux pour qu’ils se sentent moins seuls. Ils le font au travers de cafés-rencontres, mais surtout d’un tchat, qui regroupe 2 500 personnes atteintes de fibromyalgie en France. « Il y a beaucoup de gens qui n’ont personne à qui en parler, et ce tchat est leur seul moyen de sortir du désarroi et de l’isolement. »

Le coucher de soleil, dont les couleurs traversent les vitres de la porte-fenêtre du salon, se reflète sur les cheveux bruns de Laurence. Lunettes sur le nez, vêtue d’une robe à fleurs, elle sourit. Après plusieurs années de difficultés au travail à cause de sa maladie, elle reprendra une formation via un Centre de réadaptation professionnelle (CRP) dans quelques semaines. Huit ans après l’arrivée de la maladie dans sa vie, elle garde son optimisme naturel.

Cassandre Leray et Anouk Loisel
Crédits photos : Cassandre Leray

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