mort – Voix Offhttps://voixoff.infocomlannion.fr/Écouter ceux qu'on ne voit pasThu, 14 Mar 2019 12:46:32 +0000fr-FRhourly1https://wordpress.org/?v=5.5.3158445566 Victimes de ne pas pouvoir choisir leur morthttps://voixoff.infocomlannion.fr/2019/03/14/victimes-de-ne-pas-pouvoir-choisir-leur-mort/Thu, 14 Mar 2019 12:46:32 +0000https://voixoff.infocomlannion.fr/?p=869Briser le tabou autour de la mort, pour être en mesure de la choisir. Il y a quelque années, la femme de Jacques* apprend qu’elle est atteinte d’une maladie incurable. Pendant plusieurs années, le couple va se battre pour se faire entendre sur une question taboue : le suicide assisté

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Briser le tabou autour de la mort, pour être en mesure de la choisir. Il y a quelque années, la femme de Jacques* apprend qu’elle est atteinte d’une maladie incurable. Pendant plusieurs années, le couple va se battre pour se faire entendre sur une question taboue : le suicide assisté et l’euthanasie.

Vous êtes-vous déjà demandé comment vous alliez mourir ? Ou si vous tombiez gravement malade, quelles seraient vos volontés ? Et si ce n’est pas vous, mais un ou une proche ? Pour Jacques et sa femme, parler de la mort n’a jamais été un tabou :
« Nous étions en phase sur ce sujet. Nous nous étions promis de faire le maximum si l’autre se trouvait dans une situation où il devait mourir. Je subis ça comme un échec de ne pas avoir tenu ma parole. »

En 2015, sa femme apprend, qu’en plus de deux maladies dont elle souffre déjà, une troisième s’est ajoutée. Celle-là est incurable et les médecins prédisent une
« descente lente ». Son choix est vite fait. Il n’est pas question de rester dans cet état. « Mon épouse avait choisi le suicide assisté. Elle voulait se rendre à un des trois organismes en Suisse qui le pratique », raconte Jacques.

 

De telles démarches ont un prix, matériel comme physique. Il faut d’abord être certain qu’aucun traitement ne fonctionne, puis se rendre deux fois dans l’établissement avant d’y revenir une dernière fois.

Lorsque l’on est malade, ces déplacements peuvent être très éprouvants, avec des coûts importants. Jacques sort de sa pochette des feuilles regroupant les recherches sur les différents organismes. Le plus cher coûte 10 000 €, sans compter les différents allers-retours.

Les directives anticipées

Dans la poche de son manteau, se trouvent ses papiers. « Carte vitale, groupe sanguin, carte d’adhérent à l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) et une version miniature de ma fiche de directives anticipées », énonce-t-il. Jacques ne s’en sépare jamais ; les avoir toujours sur lui est devenu un réflexe. Sa fiche indique, au cas où sa vie serait lourdement menacée, que Jacques souhaiterait un sédation profonde ou une aide active à la mort si cela devient légal.

Jacques et les papiers dont il ne se sépare jamais.

Pour Jacques, cette fiche à une forte valeur, il aimerait qu’elle soit reconnue. C’est pour quoi il intègre l’ADMD en 2015. « Aujourd’hui, cette fiche n’a pas de réelle valeur, c’est ça le problème. Elle ne fait pas partie des fichiers nationaux reconnus », admet-il.

Cette fiche a pris un sens encore plus important après un rendez-vous à l’hôpital de Lannion qui l’a fortement marqué.
« Lorsque nous étions à l’hôpital, un médecin expliquait à ma femme le processus de sédation. Elle serait d’abord légère, puis profonde. Avant cela, on lui donnerait divers médicaments, se souvient Jacques. Ça a pris un quart d’heure avant qu’elle arrive à dire qu’elle ne voulait pas. C’était très pénible. Forcer la personne comme ça, c’est inhumain. »

Un travail de sensibilisation

Alors que la maladie est supposée être un lent processus, début 2018, tout s’accélère. Avant, sa décision de mourir n’était pas évoquée en famille. « C’était pas vraiment un sujet à aborder en réunion de famille, on gardait ça pour nous deux. On a commencé à en parler un an avant son décès », précise-t-il. Le plus compliqué pour eux est de faire face à certaines remarques telles que « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ». Mais quand ces personnes rencontrent son épouse, elles finissent par comprendre qu’on puisse vouloir prendre cette décision.

Plus qu’un changement de mentalité, c’est un véritable changement législatif qui est nécessaire. Pour cette raison, l’omerta au niveau du corps médical persiste : « Juste après qu’elle ait envisagé d’aller en Suisse, ça s’est empiré. Elle ne pouvait même plus aller à Brest pour les soins. On a essayé de trouver de l’aide auprès de médecins. L’un était d’accord mais a pris trop de temps. Elle est décédée avant. » Cette aide devait prendre la forme d’un médicament pour abréger ses souffrances.

*Le prénom a été modifié

Garance Diaconu et Lily Jaillard

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Jean-Marie, travailleur d’outre-tombehttps://voixoff.infocomlannion.fr/2019/03/10/jean-marie-travailleur-doutre-tombe/Sun, 10 Mar 2019 10:00:02 +0000https://voixoff.infocomlannion.fr/?p=866Jean-Marie André, 33 ans, est thanatopracteur. Il voit passer près de 800 personnes décédées par an dans son cabinet, à Lézardrieux, pour leur offrir une belle mort. Il entretient les corps pour qu’ils restent intacts durant les veillées funéraires et les enterrements. La mort, si elle est pour beaucoup de

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Jean-Marie André, 33 ans, est thanatopracteur. Il voit passer près de 800 personnes décédées par an dans son cabinet, à Lézardrieux, pour leur offrir une belle mort. Il entretient les corps pour qu’ils restent intacts durant les veillées funéraires et les enterrements.

La mort, si elle est pour beaucoup de croyants une simple continuité de la vie, reste encore taboue en France. La thanatopraxie est essentielle dans le processus de veillée et d’enterrement. Pourtant, presque personne ne connaît vraiment cette pratique. Jean-Marie se considère donc comme un travailleur de l’ombre, mais ne s’en plaint pas. Pour lui,  « il est normal qu’on ne fasse pas de publicité autour du malheur ». 

Si tout le monde ne fait pas appel à ce service, une majorité de Français a recours à des professionnels de l’embaumement moderne comme Jean-Marie André, dans le funéraire depuis onze ans.

Maintenir le contact avec les vivants

Dès ses études, Jean-Marie a tout de suite compris qu’il y avait ceux qui étaient prêts à supporter la vue des morts toute la journée, et ceux qui ne l’étaient pas. Néanmoins, il regrette durant ses études « un manque de cours pratiques ». Pour lui, faire ce métier n’est pas anodin, et requiert une certaine force mentale : « Même si je peux paraître insensible, je reste humain. Il faut se mettre des barrières pour ne pas être touché. »

De plus, les thanatopracteurs sont des travailleurs indépendants, dans leur bulle. Comme seuls avec les morts. Ils sont employés périodiquement pour des enterrements. Mais Jean-Marie fait partie des seuls à posséder une double-étiquette. Celui-ci est aussi à la tête d’une entreprise de pompes funèbres. « Ici, j’accompagne des familles jusqu’à leur enterrement, je les conseille sur les pierres tombales. Il m’arrive donc de voir la famille du défunt que je viens d’embaumer. » Cela lui permet de voir du vivant, afin de rompre sa solitude et lui permettre d’humaniser le corps dont il s’occupe.

Un métier qui reste à l’ombre

Le thanatopracteur a un rôle bien précis. Jean-Marie, dans son cabinet de Lézadrieux, déshabille, nettoie et désinfecte le corps du défunt, avant d’injecter dans les artères un produit à base de formol, afin que celui-ci reste présentable. 

Il n’y a toutefois pas vraiment de corporatisme au sein du métier, même s’il existe un Syndicat professionnel des thanatopracteurs indépendants et salariés (SPTIS). Jean-Marie André a choisi de ne pas y adhérer : « Moi je fais ma vie, dans mon coin, on est beaucoup dans ce cas. » Il reste toutefois attentif aux évolutions du métier et de sa formation. Depuis 2017, la partie pratique a disparu de l’examen final du diplôme national de thanatopracteur. Une pétition a été lancée pour la réhabiliter.

Benjamin Pamiseux, Armand Patou 

 

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