Jean-Marie André, 33 ans, est thanatopracteur. Il voit passer près de 800 personnes décédées par an dans son cabinet, à Lézardrieux, pour leur offrir une belle mort. Il entretient les corps pour qu’ils restent intacts durant les veillées funéraires et les enterrements.

La mort, si elle est pour beaucoup de croyants une simple continuité de la vie, reste encore taboue en France. La thanatopraxie est essentielle dans le processus de veillée et d’enterrement. Pourtant, presque personne ne connaît vraiment cette pratique. Jean-Marie se considère donc comme un travailleur de l’ombre, mais ne s’en plaint pas. Pour lui,  « il est normal qu’on ne fasse pas de publicité autour du malheur ». 

Si tout le monde ne fait pas appel à ce service, une majorité de Français a recours à des professionnels de l’embaumement moderne comme Jean-Marie André, dans le funéraire depuis onze ans.

Maintenir le contact avec les vivants

Dès ses études, Jean-Marie a tout de suite compris qu’il y avait ceux qui étaient prêts à supporter la vue des morts toute la journée, et ceux qui ne l’étaient pas. Néanmoins, il regrette durant ses études « un manque de cours pratiques ». Pour lui, faire ce métier n’est pas anodin, et requiert une certaine force mentale : « Même si je peux paraître insensible, je reste humain. Il faut se mettre des barrières pour ne pas être touché. »

De plus, les thanatopracteurs sont des travailleurs indépendants, dans leur bulle. Comme seuls avec les morts. Ils sont employés périodiquement pour des enterrements. Mais Jean-Marie fait partie des seuls à posséder une double-étiquette. Celui-ci est aussi à la tête d’une entreprise de pompes funèbres. « Ici, j’accompagne des familles jusqu’à leur enterrement, je les conseille sur les pierres tombales. Il m’arrive donc de voir la famille du défunt que je viens d’embaumer. » Cela lui permet de voir du vivant, afin de rompre sa solitude et lui permettre d’humaniser le corps dont il s’occupe.

Un métier qui reste à l’ombre

Le thanatopracteur a un rôle bien précis. Jean-Marie, dans son cabinet de Lézadrieux, déshabille, nettoie et désinfecte le corps du défunt, avant d’injecter dans les artères un produit à base de formol, afin que celui-ci reste présentable. 

Il n’y a toutefois pas vraiment de corporatisme au sein du métier, même s’il existe un Syndicat professionnel des thanatopracteurs indépendants et salariés (SPTIS). Jean-Marie André a choisi de ne pas y adhérer : « Moi je fais ma vie, dans mon coin, on est beaucoup dans ce cas. » Il reste toutefois attentif aux évolutions du métier et de sa formation. Depuis 2017, la partie pratique a disparu de l’examen final du diplôme national de thanatopracteur. Une pétition a été lancée pour la réhabiliter.

Benjamin Pamiseux, Armand Patou