Santé – Voix Offhttps://voixoff.infocomlannion.fr/Écouter ceux qu'on ne voit pasThu, 14 Mar 2019 12:46:32 +0000fr-FRhourly1https://wordpress.org/?v=5.5.3158445566 Victimes de ne pas pouvoir choisir leur morthttps://voixoff.infocomlannion.fr/2019/03/14/victimes-de-ne-pas-pouvoir-choisir-leur-mort/Thu, 14 Mar 2019 12:46:32 +0000https://voixoff.infocomlannion.fr/?p=869Briser le tabou autour de la mort, pour être en mesure de la choisir. Il y a quelque années, la femme de Jacques* apprend qu’elle est atteinte d’une maladie incurable. Pendant plusieurs années, le couple va se battre pour se faire entendre sur une question taboue : le suicide assisté

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Briser le tabou autour de la mort, pour être en mesure de la choisir. Il y a quelque années, la femme de Jacques* apprend qu’elle est atteinte d’une maladie incurable. Pendant plusieurs années, le couple va se battre pour se faire entendre sur une question taboue : le suicide assisté et l’euthanasie.

Vous êtes-vous déjà demandé comment vous alliez mourir ? Ou si vous tombiez gravement malade, quelles seraient vos volontés ? Et si ce n’est pas vous, mais un ou une proche ? Pour Jacques et sa femme, parler de la mort n’a jamais été un tabou :
« Nous étions en phase sur ce sujet. Nous nous étions promis de faire le maximum si l’autre se trouvait dans une situation où il devait mourir. Je subis ça comme un échec de ne pas avoir tenu ma parole. »

En 2015, sa femme apprend, qu’en plus de deux maladies dont elle souffre déjà, une troisième s’est ajoutée. Celle-là est incurable et les médecins prédisent une
« descente lente ». Son choix est vite fait. Il n’est pas question de rester dans cet état. « Mon épouse avait choisi le suicide assisté. Elle voulait se rendre à un des trois organismes en Suisse qui le pratique », raconte Jacques.

 

De telles démarches ont un prix, matériel comme physique. Il faut d’abord être certain qu’aucun traitement ne fonctionne, puis se rendre deux fois dans l’établissement avant d’y revenir une dernière fois.

Lorsque l’on est malade, ces déplacements peuvent être très éprouvants, avec des coûts importants. Jacques sort de sa pochette des feuilles regroupant les recherches sur les différents organismes. Le plus cher coûte 10 000 €, sans compter les différents allers-retours.

Les directives anticipées

Dans la poche de son manteau, se trouvent ses papiers. « Carte vitale, groupe sanguin, carte d’adhérent à l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) et une version miniature de ma fiche de directives anticipées », énonce-t-il. Jacques ne s’en sépare jamais ; les avoir toujours sur lui est devenu un réflexe. Sa fiche indique, au cas où sa vie serait lourdement menacée, que Jacques souhaiterait un sédation profonde ou une aide active à la mort si cela devient légal.

Jacques et les papiers dont il ne se sépare jamais.

Pour Jacques, cette fiche à une forte valeur, il aimerait qu’elle soit reconnue. C’est pour quoi il intègre l’ADMD en 2015. « Aujourd’hui, cette fiche n’a pas de réelle valeur, c’est ça le problème. Elle ne fait pas partie des fichiers nationaux reconnus », admet-il.

Cette fiche a pris un sens encore plus important après un rendez-vous à l’hôpital de Lannion qui l’a fortement marqué.
« Lorsque nous étions à l’hôpital, un médecin expliquait à ma femme le processus de sédation. Elle serait d’abord légère, puis profonde. Avant cela, on lui donnerait divers médicaments, se souvient Jacques. Ça a pris un quart d’heure avant qu’elle arrive à dire qu’elle ne voulait pas. C’était très pénible. Forcer la personne comme ça, c’est inhumain. »

Un travail de sensibilisation

Alors que la maladie est supposée être un lent processus, début 2018, tout s’accélère. Avant, sa décision de mourir n’était pas évoquée en famille. « C’était pas vraiment un sujet à aborder en réunion de famille, on gardait ça pour nous deux. On a commencé à en parler un an avant son décès », précise-t-il. Le plus compliqué pour eux est de faire face à certaines remarques telles que « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ». Mais quand ces personnes rencontrent son épouse, elles finissent par comprendre qu’on puisse vouloir prendre cette décision.

Plus qu’un changement de mentalité, c’est un véritable changement législatif qui est nécessaire. Pour cette raison, l’omerta au niveau du corps médical persiste : « Juste après qu’elle ait envisagé d’aller en Suisse, ça s’est empiré. Elle ne pouvait même plus aller à Brest pour les soins. On a essayé de trouver de l’aide auprès de médecins. L’un était d’accord mais a pris trop de temps. Elle est décédée avant. » Cette aide devait prendre la forme d’un médicament pour abréger ses souffrances.

*Le prénom a été modifié

Garance Diaconu et Lily Jaillard

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Les personnes sous curatelle, adultes dépendantshttps://voixoff.infocomlannion.fr/2019/03/09/les-personnes-sous-curatelle-adultes-dependants/Sat, 09 Mar 2019 12:17:54 +0000https://voixoff.infocomlannion.fr/?p=709Certaines personnes handicapées majeures sont aidées par des curateurs ou tuteurs, des membres de leur famille ou bien des professionnels. Avoir une aide, un choix difficile à accepter pour certains. Dans les locaux aux murs blancs de l’Association costarmoricaine d’accompagnement et de protection (ACAP), Youenn Douillard, un jeune homme de

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Certaines personnes handicapées majeures sont aidées par des curateurs ou tuteurs, des membres de leur famille ou bien des professionnels. Avoir une aide, un choix difficile à accepter pour certains.

Dans les locaux aux murs blancs de l’Association costarmoricaine d’accompagnement et de protection (ACAP), Youenn Douillard, un jeune homme de 32 ans à la barbe brune, discute avec Pascal Guégan. Cela fait près de cinq ans que Youenn est suivi par Pascal, son curateur.

Une personne sous curatelle est autonome mais a besoin d’assistance, notamment pour gérer son argent. Il existe aussi des personnes sous tutelle, qui ne sont pas indépendantes, c’est une mesure de protection plus lourde que la curatelle. En France, c’est le juge des tutelles qui décide de mettre une personne sous protection judiciaire. En 2014, ils étaient 680 000 majeurs à être sous tutelle et curatelle. Tous sont suivis par une personne, soit de la famille, soit par un professionnel. Leur but est d’aider la personne, souvent handicapée, âgée ou bien ayant un problème psychiatrique.

Une aide pour certains…

Il y a quelques années, Youenn était alcoolique et n’arrivait plus à gérer son argent. Les problèmes de santé arrivent. Avec ses parents, il décide de rencontrer un juge des tutelles pour trouver une solution. Le juge tranche : un curateur l’assistera.

Pour le jeune homme, cette décision a radicalement changé son mode de vie. Son curateur a eu un rôle primordial dans sa sortie de la maladie. Cela fait quatre ans qu’il est abstinent. « Au début, ça peut être un peu perturbant de laisser un inconnu entrer dans sa vie, lui raconter tous ses problèmes. Il m’a fallu une année pour me rendre compte que ça m’aidait vraiment. Pour moi, ça a été un soulagement. »

En septembre 2019, Youenn Douillard repassera devant le juge des tutelles pour observer son évolution et trancher s’il a toujours besoin d’un professionnel. Mais le jeune Trégorrois en est certain,« c’était la première fois, mais surtout la dernière », assure-t-il, le sourire victorieux. Même si sa santé en a pris un coup, aujourd’hui son moral est au zénith.

… une contrainte pour d’autres

Mais tout le monde n’arrive pas à accepter cette aide.« Certaines personnes voient ça comme une contrainte, ça les gène qu’on gère leur budget, qu’on ne leur donne pas la somme d’argent qu’ils souhaitent. Mais on ne peut pas leur donner 80 euros d’argent de poche si cela nous empêche de payer leur loyer »,explique Pascal Guégan.

Le curateur protège le patrimoine de la personne. Il intervient pour l’assister lors d’un divorce, un mariage, une succession ou une transaction immobilière. Le tuteur protège la personne en elle-même, étant plus vulnérable.

Afin de trouver un compromis, les curateurs tentent de faire de la pédagogie, d’expliquer pourquoi ce n’est pas possible de donner tout cet argent.« Aujourd’hui, on ne décide plus pour eux, on prend nos décisions ensemble »,explique Pascal Guégan.

Vers une fin de l’infantilisation des personnes handicapées

Frédéric Thebault, le président de l’ACAP Guingamp, a observé une nette amélioration dans le traitement des personnes sous curatelle.« Il y a quelques années, la loi les nommaient “personnes incapables”. Aujourd’hui, ce sont des “personnes protégées”. » La loi laisse de plus en plus de libertés aux personnes sous curatelle. Plus le temps passe, plus celles-ci sont favorables à l’autonomisation des personnes mises sous curatelle et tutelle.

En France, 300 000 personnes sous tutelle, à cause de leur handicap ou d’un crime, n’ont pas le droit de vote. Elles ont été jugées dans l’incapacité d’exercer leur citoyenneté. La secrétaire d’État en charge des personnes handicapées, Sophie Cluzel, a promis que toutes les personnes sous tutelle pourront se rendre aux urnes d’ici 2020.   

Lily Jaillard

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« J’ai repris possession de moi-même » : Morgane, en rémission après dix ans de suivi psychiatriquehttps://voixoff.infocomlannion.fr/2019/03/07/jai-repris-possession-de-moi-meme-morgane-en-remission-apres-dix-ans-de-suivi-psychiatrique/Thu, 07 Mar 2019 14:53:03 +0000https://voixoff.infocomlannion.fr/?p=717Après avoir sombré dans une dépression suicidaire, Morgane a été prise en charge à l’hôpital psychiatrique de Bégard. Aujourd’hui, elle a surmonté son épreuve et est prête à se réinsérer dans la vie « à l’extérieur ».

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Après avoir sombré dans une dépression suicidaire, Morgane a été prise en charge à l’hôpital psychiatrique de Bégard. Aujourd’hui, elle a surmonté cette épreuve et est prête à se réinsérer dans la vie « à l’extérieur ».

«Il y a 10 ans, je ne me serais pas crue capable de faire ça. » En acceptant cette interview, Morgane, 29 ans, passe un cap qui témoigne de l’avancée de son parcours de guérison. Cette rencontre contraste avec sa vie d’alors, quand elle était repliée sur elle-même et craignait les rapports sociaux.

En cause, les blessures qu’elle a endurées dans son passé. « Harcèlement scolaire, passé familial douloureux… À 19 ans, je n’avais envie de rien, je ne voulais plus être là. J’ai tenté de sauter du septième étage. Heureusement, on a réussi à me rattraper à temps. »

Une vie rythmée par les prescriptions médicales

Assurée dans ses propos, la jeune femme au tee-shirt mauve retrace son cheminement, entre les séances avec sa psychologue, l’hôpital de jour et les activités prescrites par le médecin.

Après sa tentative de suicide, une ambulance la transporte à l’hôpital Bon Sauveur. Elle passe trois jours enfermée dans une chambre, sans avoir accès à la salle de bain, remplie d’objets « potentiellement dangereux ». Pour fumer, elle attend que la cour du bâtiment soit libre, afin de ne pas être en contact avec d’autres personnes.

S’ensuit une longue période à l’hôpital de jour, avec des médicaments à prendre. Plus surprenant, le médecin lui prescrit des activités pour la faire sortir de force de son enfermement intérieur. La nouvelle arrivante peut choisir entre du sport, du jardinage, l’entretien d’un mini-golf ou son exercice favori : servir à la cafétéria.

Retrouver les plaisirs de la vie quotidienne

D’abord réticente, Morgane apprend à accepter l’aide qu’on lui propose. Elle commence sa lente réinsertion « à l’extérieur ».

La patiente est reçue par une famille d’accueil thérapeutique. Elles sont chargées d’accompagner les patients dans les tâches du quotidien et de leur apprendre à apprécier de nouveau la vie. Avec la sienne, elle redécouvre les plaisirs et les obligations de la vie de famille. « On faisait des balades, il fallait que je prenne le temps de vivre, d’apprécier le soleil, les plantes et les tâches ménagères ! »

L’amour comme médicament

C’est dans sa famille d’accueil qu’elle rencontre son futur mari, en 2009. « J’ai tout de suite su que c’était l’homme de ma vie. Je l’ai senti dans ma tête, dans mon corps, même dans ma façon de parler et de rire. C’était la libération ! », déclame-t-elle avec passion.

Cet élan lui donne la hargne de s’en sortir. Elle intègre une succursale de l’hôpital qui accompagne les patients dans les tâches quotidiennes jusqu’à leur guérison. Une chambre en colocation est mise à sa disposition au sein du Bon Sauveur.

Les débuts sont difficiles et la colère toujours présente. Après tant d’efforts, Morgane a du mal à supporter qu’on lui dise ce qu’elle doit faire : « J’avais du mal avec l’autorité. J’étais en train de reprendre confiance en moi. Exprimer mon mécontentement me permettait de reprendre possession de moi-même. »

Maintenant allégée par sa prise en charge sous curatelle, soulagée par son suivi psychologique, Morgane attend qu’une place se libère pour travailler dans un établissement pour personnes handicapées.

Dix ans après, lorsqu’elle regarde son histoire avec du recul, elle n’y voit rien de dramatique : « En fait, on est tous un peu malade, faut pas croire, on a tous un grain dans la tête. »       

                                                                                                                  Loréna Bordiec

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Camille, de salle d’attente en salle d’attentehttps://voixoff.infocomlannion.fr/2019/03/07/camille-de-salle-dattente-en-salle-dattente/Thu, 07 Mar 2019 09:50:16 +0000https://voixoff.infocomlannion.fr/?p=752L'endométriose est une maladie méconnue, elle touche pourtant une femme sur dix. Camille Dumont, a longuement souffert avant d'être diagnostiquée.

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L’endométriose est une maladie provoquant de nombreuses douleurs et des problèmes multiples : nodules, kystes, infertilité, douleurs lors des rapports et des règles… Si cette maladie est largement méconnue, elle touche pourtant une femme sur dix. C’est le cas de Camille Dumont, Mantallotoise, qui a longuement souffert avant d’être diagnostiquée. 
Camille Dumont, 24 ans, a ressenti les premiers symptomes de l’endométriose en 2015.

Camille tire nerveusement les manches de son haut à manches longues.« C’est stressant de parler de soi comme ça ! », avoue-t-elle de sa voix douce. À part lors d’une conférence sur l’endométriose, l’année dernière, la jeune femme de 24 ans n’a jamais parlé publiquement de sa maladie.«Tout a commencé en 2015,se lance-t-elle.Je n’avais jamais eu de douleurs de règles, mais je me suis mise à avoir mal au ventre extrêmement violemment. C’était à chaque minute, ça ne s’arrêtait jamais. »

Deux années interminables

Camille consulte des médecins, passe des examens, mais rien n’est détecté. Pendant un an, elle se fait prescrire des médicaments pour soulager la douleur, sans savoir ce qu’elle a. «J’en suis venue à avaler jusqu’à 20 comprimés par jour »,dit-t-elle dans un soupir. La jeune femme décide ensuite d’arrêter de prendre la pilule, dans le but d’avoir un enfant avec son compagnon.« Là, j’ai commencé à avoir mal aux ovaires, à l’utérus, et des douleurs atroces pendant les règles et les rapports sexuels. »De nouveau, elle enchaîne rendez-vous et examens, en vain. C’est alors qu’elle se met à penser à l’endométriose, cette maladie où l’endomètre, c’est-à-dire la muqueuse qui tapisse l’utérus, remonte via les trompes avant de se développer hors de l’utérus, ce qui provoque des lésions, des adhérences et des kystes. Elle se rend alors au CHU de Rouen, renommé dans la prise en charge de cette pathologie, et obtient enfin un diagnostic : elle souffre d’endométriose profonde et d’adénomyose, une endométriose interne à l’utérus.

« Il aura fallu deux ans pour que je sache. C’est rapide par rapport à la moyenne, mais je peux vous dire que ça semble interminable. »Derrière le calme apparent de Camille, il y a de la colère. Colère de n’avoir jamais été écoutée. Colère d’avoir été abandonnée.« Ne pas se faire entendre, c’est tellement dur… On se remet beaucoup en question. Je commençais moi-même à douter, je me disais que, oui, c’était peut-être dans ma tête,avoue Camille.En tout, j’ai vu une bonne dizaine de médecins. Ce n’était pas possible, d’après eux : “Vous n’avez rien, Madame !” Un médecin du Trégor m’a même traitée de folle alors qu’il avait les examens de l’endométriose sous les yeux, faits par des professionnels. »

Après le diagnostic, l’opération

Le diagnostic sonne comme une délivrance, mais ne marque pas la fin de son parcours de combattante. Pour l’endométriose, il n’existe aucun traitement, à part la pilule, qui limite la propagation de l’endomètre, et les anti-douleurs.« On m’a laissé le choix entre me mettre en ménopause artificielle ou faire une opération,explique-t-elle.Je voulais un enfant, donc j’ai choisi l’opération, que j’ai subie en juillet 2017. »Une intervention chirurgicale qui permet de réparer les lésions dues à la maladie mais pas d’en empêcher de nouvelles de se former.« Ils m’ont ensuite laissé six mois pour tomber enceinte, sinon c’était la PMA [Procréation médicalement assistée]. »Une étape par laquelle de nombreuses femmes atteintes d’endométriose sont obligées de passer, 40% d’entre elles rencontrant des problèmes d’infertilité. Deux mois plus tard, la jeune femme tombe enceinte.« Huit semaines après, j’ai fait une fausse couche.», souffle-t-elle.

La douleur du souvenir est encore vive. D’une voix tremblotante, elle raconte le moment de l’annonce quelques minutes plus tard.« Le médecin a montré à l’interne en formation, qui se trouvait à côté de lui, que mon bébé était mort. Alors que j’étais là, devant lui, allongée ! Mais à moi, il n’a rien dit. Je n’oublierai jamais ça… »Aujourd’hui, Camille est en PMA à Rennes.

La confiance brisée

« C’est une maladie qu’il faut vivre pour comprendre », lâche-t-elle. En plus des souffrances physiques et psychologiques qu’elle engendre, elle isole beaucoup.« La famille et les amis ne voient pas tout ce qu’on vit,regrette la jeune femme.Au début, les gens n’étaient pas tous compréhensifs. En plus, comme ça touche aux règles, à la féminité, c’est parfois difficile d’en parler, certaines personnes sont moins réceptives. »Camille s’estime tout de même chanceuse : son compagnon l’a beaucoup soutenue et accompagnée à travers ces épreuves, même si« c’était compliqué pour lui de me voir dans cet état, il se sentait totalement impuissant ».

Elle trouve un peu de soutien et de réconfort dans des groupes de parole, où elle peut enfin échanger avec des personnes qui connaissent les mêmes souffrances qu’elle.« C’est génial au début, mais ça devient vite une spirale infernale, on ne pense plus qu’à la maladie. Il faut aussi savoir s’en s’éloigner. »

« Je ne sais pas si je referai confiance un jour à un médecin »

S’agissant des symptômes, Camille note une amélioration.« J’ai commencé à aller voir une ostéopathe à Lannion en octobre dernier, ça a été absolument magique,s’exclame-t-elle, un immense sourire réveillant son visage.J’ai moins de douleurs, et elle a réussi à m’enlever un kyste que j’avais depuis deux ans ! »Sans solutions proposées par le médecine traditionnelle, Camille s’est tournée vers des méthodes alternatives, à partir du début d’année 2018. Pendant 9 mois, elle a eu recours à une alimentation anti-inflammatoire. Elle a également consulté des magnétiseurs et des hypnotiseurs, avant de trouver l’ostéopathe qui lui fait des miracles.« Aujourd’hui, j’ai mis de côté la médecine traditionnelle. Même si l’opération m’a aidée, je ne sais pas si je referai confiance un jour à un médecin. »

Une heure est passée depuis que Camille a commencé à raconter son histoire. Ses yeux noisettes brillent, mais un sourire sincère se dessine sur ses lèvres. Parler soulage.« On ne sait jamais de quoi demain est fait, alors j’avance au jour le jour, en restant positive. » 

Cassandre Leray, Anouk Loisel

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Laurence, atteinte de fibromyalgie : « On finit par se dire que c’est dans notre tête »https://voixoff.infocomlannion.fr/2019/02/15/portrait-laurence-atteinte-de-fibromyalgie-on-finit-par-se-dire-que-cest-dans-notre-tete/Fri, 15 Feb 2019 11:35:06 +0000https://voixoff.infocomlannion.fr/?p=568Comme 2 à 5% de la population française, Laurence Meuric est atteinte de fibromyalgie. Cette maladie se caractérise par des douleurs diffuses et multiples, dont la cause n’est pas connue actuellement, et qui englobe une centaine de symptômes différents, ce qui la rend difficile à déceler. Pour cette femme de

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Comme 2 à 5% de la population française, Laurence Meuric est atteinte de fibromyalgie. Cette maladie se caractérise par des douleurs diffuses et multiples, dont la cause n’est pas connue actuellement, et qui englobe une centaine de symptômes différents, ce qui la rend difficile à déceler. Pour cette femme de 46 ans, l’errance diagnostique a duré une année.

Assise sur le fauteuil de son salon, dans sa maison de Trébeurden, Laurence Meuric sourit malgré une mine fatiguée. Elle a découvert en 2012 qu’elle souffrait de fibromyalgie. Une pathologie qui se caractérise notamment par des douleurs chroniques et une fatigue extrême. « C’est pour ça que j’ai du mal à rester debout. Mes muscles ne tiennent pas. »

Doucement, Laurence retrace son parcours. Plusieurs centaines de feuilles entre les mains, elle se remémore l’apparition des premiers symptômes. C’était en septembre 2011, après une opération de la thyroïde compliquée. Des douleurs soudaines et insupportables bouleversent alors son quotidien. « Du jour au lendemain, je me suis mise à avoir mal tout le temps, particulièrement aux épaules, au trapèze. On m’a dit que c’était à cause du positionnement de la tête pendant l’opération, mais j’avais de plus en plus mal et j’étais de plus en plus fatiguée », se souvient-elle.

Mettre un mot sur les souffrances

Malgré des douleurs permanentes, Laurence estime avoir« de la chance » : elle a été diagnostiquée au bout de « seulement » un an, quand d’autres ne le sont parfois qu’au bout de cinq, voire dix ans. « L’étape la plus compliquée, c’est celle du médecin, qu’on doit convaincre qu’on a mal même s’il ne voit rien sur les examens », analyse la quadragénaire. En avril 2012, plus de six mois après l’apparition des premiers symptômes, son médecin généraliste l’envoie vers un rhumatologue, qu’elle rencontre en octobre 2012. Le diagnostic est posé : Laurence est atteinte de fibromyalgie. « Il y avait enfin un nom sur mes douleurs. Quand on souffre au quotidien et qu’on ne sait pas ce qu’on a, on se dit tout : on finit par se dire que c’est dans notre tête, ou alors qu’on a peut-être une maladie incurable que les médecins ne veulent pas nous avouer… »

Puisque rien ne peut guérir définitivement la maladie, les personnes atteintes de fibromyalgie se voient contraintes d’adapter leurs activités quotidiennes, de peur de trop souffrir en cas d’efforts. « Il y a plein de choses qu’on ne peut plus faire. Il faut écouter davantage son corps… Il faut compter trois ou quatre jours pour faire le ménage, se limiter à une demi-heure de marche… Mais j’essaie quand même de continuer à sortir pour me changer les idées. » La veille de notre rencontre, justement, Laurence et son mari sont sortis marcher. Gilles, assis sur le canapé, regarde sa femme épuisée avec tendresse. « On a été se promener pendant une heure parce qu’on avait des amis donc on s’est forcés un peu, et depuis elle ne fait que de dormir. Il va lui falloir trois jours pour s’en remettre. »

Laurence sort un des innombrables dossiers contenant ses documents médicaux : ordonnances, résultats d’examens… Les malades ne se voient rien prescrire à part des anti-douleurs, pas toujours efficaces. Laurence a choisi d’arrêter les traitements en juillet 2017, constatant qu’ils lui provoquaient trop d’effets secondaires alors même qu’ils ne calmaient pas réellement la douleur. Elle a donc choisi de se tourner vers des médecines alternatives : en plus de la kinésithérapie, elle a recours à la balnéothérapie (soins effectués par des bains généraux ou locaux) et à la gym douce, et a même été voir un guérisseur. « Ce sont nos seules solutions, il ne nous reste plus que ça… », confie Laurence.

Incompréhension et isolement

Le grand regret de Laurence : que la maladie soit si méconnue, entraînant chez les patients un sentiment d’isolement et d’incompréhension. La réaction de l’entourage, en premier lieu, est décisive. Gilles, le mari de Laurence, la soutient depuis le début. « Je la connais, ce n’était pas dans ses habitudes de rester prostrée. Je voyais bien que quelque chose n’allait pas », raconte-t-il, avant de laisser sa compagne poursuivre. « Mais il y a des amis et des collègues qui n’ont pas compris, qui disaient que je n’avais pas envie de travailler, que j’étais juste fainéante… »

Pour lutter contre ce sentiment d’isolement et libérer la parole des malades, Laurence a créé l’association Ma fibromyalgie au quotidien en 2015, parce qu’ « une fois diagnostiqués, on est lâchés dans la nature sans savoir quoi faire ou à qui parler ». L’objectif : aider les malades dans leurs démarches, mais surtout leur permettre d’échanger entre eux pour qu’ils se sentent moins seuls. Ils le font au travers de cafés-rencontres, mais surtout d’un tchat, qui regroupe 2 500 personnes atteintes de fibromyalgie en France. « Il y a beaucoup de gens qui n’ont personne à qui en parler, et ce tchat est leur seul moyen de sortir du désarroi et de l’isolement. »

Le coucher de soleil, dont les couleurs traversent les vitres de la porte-fenêtre du salon, se reflète sur les cheveux bruns de Laurence. Lunettes sur le nez, vêtue d’une robe à fleurs, elle sourit. Après plusieurs années de difficultés au travail à cause de sa maladie, elle reprendra une formation via un Centre de réadaptation professionnelle (CRP) dans quelques semaines. Huit ans après l’arrivée de la maladie dans sa vie, elle garde son optimisme naturel.

Cassandre Leray et Anouk Loisel
Crédits photos : Cassandre Leray

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