La mort, si elle est pour beaucoup de croyants une simple continuit\u00e9 de la vie, reste encore taboue en France. La thanatopraxie est essentielle dans le processus de veill\u00e9e et d\u2019enterrement. Pourtant, presque personne ne conna\u00eet vraiment cette pratique. Jean-Marie se consid\u00e8re donc comme un travailleur de l\u2019ombre, mais ne s\u2019en plaint pas. Pour lui, \u00ab il est normal qu\u2019on ne fasse pas de publicit\u00e9 autour du malheur \u00bb. <\/strong><\/p>\n Si tout le monde ne fait pas appel \u00e0 ce service, une majorit\u00e9 de Fran\u00e7ais a recours \u00e0 des professionnels de l\u2019embaumement moderne comme Jean-Marie Andr\u00e9, dans le fun\u00e9raire depuis onze ans.<\/p>\n D\u00e8s ses \u00e9tudes, Jean-Marie a tout de suite compris qu\u2019il y avait ceux qui \u00e9taient pr\u00eats \u00e0 supporter la vue des morts toute la journ\u00e9e, et ceux qui ne l\u2019\u00e9taient pas. N\u00e9anmoins, il regrette durant ses \u00e9tudes \u00ab un manque de cours pratiques \u00bb.<\/strong> Pour lui, faire ce m\u00e9tier n\u2019est pas anodin, et requiert une certaine force mentale : \u00ab M\u00eame si je peux para\u00eetre insensible, je reste humain. Il faut se mettre des barri\u00e8res pour ne pas \u00eatre touch\u00e9. \u00bb<\/strong><\/p>\n De plus, les thanatopracteurs sont des travailleurs ind\u00e9pendants, dans leur bulle. Comme seuls avec les morts. Ils sont employ\u00e9s p\u00e9riodiquement pour des enterrements. Mais Jean-Marie fait partie des seuls \u00e0 poss\u00e9der une double-\u00e9tiquette. Celui-ci est aussi \u00e0 la t\u00eate d\u2019une entreprise de pompes fun\u00e8bres. \u00ab Ici, j\u2019accompagne des familles jusqu\u2019\u00e0 leur enterrement, je les conseille sur les pierres tombales. Il m\u2019arrive donc de voir la famille du d\u00e9funt que je viens d\u2019embaumer. \u00bb<\/strong> Cela lui permet de voir du vivant, afin de rompre sa solitude et lui permettre d\u2019humaniser le corps dont il s\u2019occupe.<\/p>\n Le thanatopracteur a un r\u00f4le bien pr\u00e9cis. Jean-Marie, dans son cabinet de L\u00e9zadrieux, d\u00e9shabille, nettoie et d\u00e9sinfecte le corps du d\u00e9funt, avant d\u2019injecter dans les art\u00e8res un produit \u00e0 base de formol, afin que celui-ci reste pr\u00e9sentable. <\/p>\n Il n\u2019y a toutefois pas vraiment de corporatisme au sein du m\u00e9tier, m\u00eame s\u2019il existe un Syndicat professionnel des thanatopracteurs ind\u00e9pendants et salari\u00e9s (SPTIS)<\/a>. Jean-Marie Andr\u00e9 a choisi de ne pas y adh\u00e9rer : \u00ab Moi je fais ma vie, dans mon coin, on est beaucoup dans ce cas. \u00bb<\/strong> Il reste toutefois attentif aux \u00e9volutions du m\u00e9tier et de sa formation. Depuis 2017, la partie pratique a disparu de l\u2019examen final du dipl\u00f4me national de thanatopracteur. Une p\u00e9tition<\/a> a \u00e9t\u00e9 lanc\u00e9e pour la r\u00e9habiliter.<\/p>\n Benjamin Pamiseux, Armand Patou <\/em><\/p>\n <\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Jean-Marie Andr\u00e9, 33 ans, est thanatopracteur. Il voit passer pr\u00e8s de 800 personnes d\u00e9c\u00e9d\u00e9es par an dans son cabinet, \u00e0 L\u00e9zardrieux, pour leur offrir une belle mort. Il entretient les corps pour qu\u2019ils restent intacts durant les veill\u00e9es fun\u00e9raires et les enterrements. La mort, si elle est pour beaucoup de<\/p>\nMaintenir le contact avec les vivants<\/strong><\/h3>\n
Un m\u00e9tier qui reste \u00e0 l\u2019ombre<\/strong><\/h3>\n