Passez votre souris sur les camemberts
Comment expliquer une telle disparité entre la réalité du terrain et les personnes interrogées par les journaux ? « Les hommes sont plus présents, car les journaux s’intéressent et s’appuient sur les sources institutionnelles, un monde relativement composé d’hommes. C’est un problème général qui n’est pas seulement lié à Ouest-France, mais plutôt à notre société patriarcale », indique David Désille, journaliste à la locale de Ouest-France à Lannion. Si les journalistes veillent à ce qu’il y ait plus de diversité au niveau de la représentation, il n’empêche que beaucoup de personnes sont laissées pour compte. Le mouvement des Gilets jaunes met en lumière ces oubliés des sphères médiatiques. «Lorsque je suis allé sur un rond-point, je me suis rendu compte que, sur une vingtaine de personnes, j’en connaissais peut-être une ou deux », raconte Philippe Gestin, journaliste au Trégor. «Avant, on disait qu’on pouvait trouver les informations dans les bars, parmi les discussions de comptoir. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, ce n’est plus pareil », ajoute-t-il. Avec Internet, c’est aussi l’information qui vient directement dans les rédactions. Par souci de rapidité, n’est-ce pas alors tentant de céder à cette facilité ? Pour les journaux qui ont un rythme de publication quotidien, le temps pour rencontrer de nouvelles sources est quasi-inexistant. Le réseau prime. Alors le temps passé pour une enquête ou un reportage diminue. Et pour être certain d’avoir les informations, on se tourne vers le bon client : la source institutionnelle.