Jeunesse – Voix Offhttps://voixoff.infocomlannion.fr/Écouter ceux qu'on ne voit pasFri, 08 Mar 2019 10:56:02 +0000fr-FRhourly1https://wordpress.org/?v=5.5.3158445566 Harcèlement scolaire : « Il faut libérer la parole »https://voixoff.infocomlannion.fr/2019/03/08/harcelement-scolaire-il-faut-liberer-la-parole/Fri, 08 Mar 2019 10:46:27 +0000https://voixoff.infocomlannion.fr/?p=768En France, 700 000 élèves sont victimes de harcèlement scolaire. La honte, la peur, l'absence de réponse éducative, poussent les victimes au silence.

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En France, 700 000 élèves sont victimes de harcèlement scolaire. La honte et la peur des représailles, mêlées à l’absence de réponse éducative, poussent les victimes au silence et à l’effacement. Une épreuve qui laisse des traces indélébiles.

Près de cinq ans. C’est le temps qu’il aura fallu à Camille*, 22 ans, pour réussir à mettre des mots sur ce qu’elle a vécu.« Pendant des années, c’était complètement impossible de parler du harcèlement. Dès qu’on l’évoquait devant moi, je fondais en larmes », confie la jeune femme. Aujourd’hui, même si les séquelles sont toujours là, il lui est plus facile d’aligner les mots les uns après les autres. Une étape essentielle, d’après Camille :« Il faut libérer la parole. »

 

 

La plupart des victimes, si elles s’enfoncent dans un silence pesant au moment même où elles subissent le harcèlement, ont énormément de mal raconter ce qu’elles ont subi, même longtemps après.« Ma fille ne veut pas en parler. C’est trop violent pour elle », témoigne Sarah*, dont l’enfant a été harcelée en primaire et au collège.

Malgré ces séquelles, pour les anciennes victimes, il est essentiel d’avancer sans se laisser enchaîner par les souvenirs du passé.« Ça m’a rendue plus forte, il ne faut pas se laisser abattre », déclare Laura*, qui a été harcelée pendant six mois lors de sa première année d’études. Pour Camille, le plus important est de se mobiliser afin de limiter ces situations dans les établissements :« Nous sommes plus forts que nos harceleurs. L’important, c’est d’en parler. Non seulement pour soi-même mais surtout pour aider ceux qui le vivent à voir qu’ils ne sont pas seuls. »

Des élèves acteurs de la lutte

Même si dans la loi, rien n’oblige les professeurs à être formés ni les établissements à mettre en place des dispositifs spécifiques, certains tentent de prendre mieux en charge le problème. C’est le cas du lycée Bossuet-Saint-Joseph, qui depuis trois ans a mis en place un système de « correspondants-santé ». Sur la base du volontariat, les lycéens reçoivent une formation de l’ANPAA (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie) pendant une année, à hauteur d’une séance d’une heure tous les mois, pour apprendre à repérer et à gérer les situations de harcèlement. 

« C’est de l’éducation par les pairs.La parole est plus facile entre élèves. Quand les correspondants voient un élève en difficulté, ils vont aller vers lui, lui faire comprendre que ce qu’il subit n’est pas acceptable, explique Yanne Rouzière, directrice adjointe du lycée. S’ils s’aperçoivent que la situation est trop compliquée à gérer, ils alertent l’un des huit enseignants référents-santé et l’infirmière, qui prennent alors le relais. »

« Le fait d’en parler, de le verbaliser, ça a été à chaque fois bénéfique »

Charles Bernard, élève en première, fait partie de la trentaine de correspondants-santé du lycée. Ayant été lui-même harcelé au collège, il n’a pas hésité une seule seconde à s’engager, même si« c’était difficile au début parce que je faisais le lien avec ma propre histoire, avoue-t-il.J’ai accompagné une dizaine de harcelés par an.Il y en a qui, je pense, auraient mis fin à leurs jours s’ils n’avaient pas été aidés… Le fait d’en parler, de le verbaliser, ça a été à chaque fois bénéfique. Ça libère un poids, ça se voit immédiatement sur les personnes.»

En plus de ce dispositif, le directeur, les directeurs adjoints, les CPE et l’infirmière se réunissent tous les mardis pour une veille éducative.« On parle de tous ces problèmes au sein de l’établissement et on évalue la situation pour prendre des décisions. Les enseignants sont donc beaucoup plus attentifs dans leur classe », se réjouit la directrice adjointe.


 

Cassandre Leray, Anouk Loisel

Crédit photos : Malika Barbot

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Ewann Guezennec, lycéen : « On nous entend mais on ne nous écoute pas »https://voixoff.infocomlannion.fr/2019/03/07/ewann-guezennec-lyceen-on-nous-entend-mais-on-ne-nous-ecoute-pas/Thu, 07 Mar 2019 14:05:59 +0000https://voixoff.infocomlannion.fr/?p=661En décembre, les lycéens protestaient contre les réformes du bac et de la plateforme Parcoursup. Malgré la mobilisation, ils n'ont pas l'impression d'avoir été écoutés. Entretien avec Ewann Guezennec, l'un des instigateurs du mouvement lannionnais. 

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Au mois de décembre, les lycéens étaient dans la rue pour protester contre les réformes du baccalauréat et la plateforme Parcoursup. Malgré cette mobilisation, ils ont l’impression de ne pas avoir été écoutés, commme le souligne Ewann Guezennec, 17 ans, l’un des instigateurs du mouvement lannionnais. 

 

Le 11 décembre 2018, 300 lycéens du lycée Félix Le-Dantec ont manifesté. Comment l’administration du lycée a-t-elle réagi face à cette mobilisation ? 

Ça n’a pas été facile… On a organisé une réunion avec les délégués afin d’informer les différentes classes. La proviseure y participait. À la fin, elle a dit que ceux qui participeraient à la manifestation s’exposeraient à des sanctions. Elle a aussi envoyé des mails aux parents*. Cette réaction nous a beaucoup déçus. On a eu l’impression que la direction nous mettait un couteau dans le dos.  

Dans quelle mesure vous sentez-vous écoutés ? 

Nous avons surpris de voir à quel point nos manifestations étaient relayées par les médias. On nous entend, on nous voit, mais on ne nous écoute pas. Ça a quand même été un mouvement majeur dans tout le pays et pourtant rien n’a bougé. Si les mesures prises par le gouvernement nous concernent directement, celui-ci ne prend pas en compte nos désaccords. On ne peut rien faire parce qu’on n’a pas le droit de vote, il nous reste seulement l’option de la manifestation pour espérer nous faire entendre… 

Avez-vous l’impression que ces manifestations lycéennes sont crédibles ? 

Non, une partie de l’opinion publique nous considère comme trop jeunes. Pourtant, à 16 ou 17 ans, on commence quand même déjà à réfléchir. En plus de ça, on voit beaucoup de personnes sur Facebook qui disent qu’on ne fait ça que pour sécher les cours. Ça nous décrédibilise complètement et c’est faux. On ne va pas se mentir, certains le font, mais c’est une minorité, il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac.  

 

* Ces propos ont été réfutés par le lycée : « Ce discours n’a jamais été tenu aux élèves. Aucun élève n’a été ou ne sera sanctionné pour sa participation à la manifestation du 11/12/2018 », a affirmé un membre de la direction.

 

Lena Guillaume

Lire également: Orientation : les lycéens choisissent-t-ils vraiment leur parcours ? 

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Orientation : les lycéens ne choisissent pas vraiment leur parcourshttps://voixoff.infocomlannion.fr/2019/03/01/orientation-les-lyceens-choisissent-t-ils-vraiment-leur-parcours/Fri, 01 Mar 2019 09:44:09 +0000https://voixoff.infocomlannion.fr/?p=620Pression de l'entourage, des enseignants, du système social, les lycéens n'ont pas toujours le choix de leur orientation. En pleine période de questionnement et de doutes, leurs envies sont loin d'être toujours respectées, ni même entendues.

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Pression de l’entourage, des enseignants, du système social… les lycéens n’ont pas toujours le choix de leur orientation. En pleine période de questionnement et de doutes, leurs envies sont loin d’être toujours respectées, ou même entendues.

 

« Orientation ». Un terme qui effraie plus d’une personne avant la sortie du collège ou du lycée. Vers quel domaine se tourner ? Quelle école ? Quel apprentissage ? Comment savoir si la voie choisie correspond ? Tant d’interrogations qui se multiplient dans la tête des jeunes adultes, au moment de s’orienter vers un domaine dans lequel ils pourraient bien évoluer une grande partie leur vie.

Pour les accompagner dans le choix de leur orientation, les ressources ne manquent pas : conseillers d’orientation, professeurs principaux, ou même parents. Le rôle de ces personnes est souvent d’une importance capitale dans le choix de l’orientation. Parfois trop. Si bien que le lycéen doit mettre de côté la voie qu’il préfère, pour des critères qui ne sont pas satisfaisants aux yeux des parents ou de ses enseignants : salaire, taux d’insertion professionnelle, niveau d’étude trop faible… Des priorités qui diffèrent de l’idéal recherché par le lycéen. 

20% des 18-25 ans n’ont pas choisi leur orientation

En 2018, le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie a réalisé une étude pour le Cnesco (Conseil national d’évaluation du système scolaire), sur le vécu du parcours d’orientation chez les 18-25 ans. Un échantillon de 1 158 jeunes a été interrogé. Les résultats sont alarmants : près d’un jeune sur cinq estimerait ne pas avoir eu le choix dans son orientation. Un constat flagrant notamment dans les lycées professionnels. Les étudiants suivent alors un parcours par défaut, dans lequel ils ne se plaisent pas. La solution peut alors être la ré-orientation. Problème : celle-ci est bien souvent vue comme un échec.

Un accompagnement scolaire parfois défaillant

Dans le rapport du Cnesco, si près de 20% des 18-25 ans interrogés affirment ne pas avoir eu le choix dans leur orientation, ils sont 48% à reconnaître ne pas avoir été suffisamment accompagnés par leur établissement. Et ce, même si de nombreux moyens sont mis à disposition. « L’orientation représente désormais 54 heures en seconde », explique Nathalie Le Gall, directrice du CIO (Centre d’information et d’orientation) de Lannion. « Il y a maintenant deux professeurs principaux par classe. Les élèves sont mieux accompagnés et peuvent avoir deux regards sur l’orientation. Après, il y a forcément des profs principaux impliqués, et d’autres non. » 

Les professeurs donnent leur avis aux élèves concernant le choix des filières. Et les critères pris en compte, comme les résultats scolaires, privent parfois les élèves d’une filière qui leur aurait plu davantage. « La filière STMG est dévalorisée. La moitié des gens sont là à cause de leur notes, pas assez bonnes pour aller en filière générale », précise André-Pierre, élève au lycée Félix-Le-Dantec.

Pour Sophie, mère de quatre enfants, l’accompagnement scolaire n’est pas suffisant pour les lycéens : « Les profs ont une vision incomplète. Ils ne voient l’élève que dans leurs propres matières. Alors que l’élève pourra s’épanouir quand il sera dans un domaine qui lui plaira. »

L’influence majeure des parents

Interlocuteurs fréquents du lycéen sur le sujet de l’orientation, les parents ou les tuteurs sont bien souvent, selon l’étude du Cnesco, les interlocuteurs principaux (52%). Suivent ensuite les professeurs principaux (10%), les camarades de classe (7%), puis les frères et sœurs (6%). Finalement, les conseillers d’orientation d’établissements scolaires sont loin d’être les interlocuteurs privilégiés des élèves (6%).

Mais ne prenant pas toujours en compte les envies de leurs enfants, les parents sont les premiers à leur déconseiller certaines formations. Ils les poussent même à faire certains choix. 37% des jeunes interrogés estiment que leurs parents les ont poussé à suivre certaines options durant leur scolarité (latin, troisième langue, etc). Une proportion plus élevée chez les enfants de cadres (43%) que chez les enfants d’employés (35%)

 

Pour la directrice du CIO de Lannion, les parents peuvent accompagner leurs enfants, mais ne doivent pas pour autant les empêcher de choisir certaines formations : « Avec le chômage, beaucoup de parents sont angoissés, ils veulent un bon avenir pour leurs enfants. Les parents doivent laisser leurs enfants s’épanouir. » 

Un point de vue partagé par Manuella Radigue, coach professionnelle et personnelle à Lannion : «On demande aux jeunes de choisir très tôt, avec plusieurs niveaux de pression, souvent inconscients : la pression du système, où il faut “réussir”, et celles des enseignants et de l’entourage familial. Les élèves doivent avoir une capacité de recul pour faire leurs propres choix. »  

Anouk Loisel, Laureline Pinjon et Léo Roussel
Crédit photo : Anouk Loisel

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