Les bistrots sont bien souvent les derniers lieux de vie de nos petits villages. Pourtant, beaucoup ferment leurs portes. Dans les plus petites communes du Trégor, le nombre de bars a été divisé par deux en seulement 20 ans. Les bistrotiers tentent de mettre en place des solutions pour garantir leur survie.
On y boit un verre, on s’y rencontre, on y discute. Les bars et les restaurants sont des piliers de vie. Souvent les derniers des petits villages. Cependant, l’âme de ces bistrots s’éteint à petit feu, beaucoup sont obligés de fermer définitivement leurs portes. Désertification des campagnes, manque d’accessibilité, normes trop sévères… Les raisons sont nombreuses.
En Bretagne, on comptait 7.000 débit de boissons en 1987. Selon l‘Insee, ce chiffre a été divisé par deux en 30 ans. De même, selon les données récoltées sur le site Siren.fr, dans les 18 communes de moins de 500 habitants du Trégor, le nombre de bars et/ou restaurants a été réduit de moitié. La fermeture de ces bistrots est un coup dur pour les petites communes. « On a connu le village avec deux restaurants et au moins quatre ou cinq bars. Aujourd’hui, il n’y a plus rien », déplore-t-on à la mairie de Kerbors. Dans ce village, le dernier bar a fermé il y a un an et demi.
Se diversifier pour survivre
Aujourd’hui, nombreuses sont les communes qui sont devenues des villages dortoirs. On s’y installe pour les terrains peu chers, mais on ne s’intéresse pas à la vie du village. « S’ils veulent des activités, ils vont à Lannion ou Guingamp. Nous on tente d’en organiser mais il n’y a pas grand monde qui vient », expliquent Alain et Carine Kerharo, gérants du bar-restaurant Le Relais du Léguer à Trégrom. Ainsi, en France, le chiffre d’affaires des débits de boissons a diminué d’environ 14 % entre 2011 et 2015.
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Pour éviter de baisser leur rideau, les gérants de bars tentent de se diversifier. Dépôt de pain, épicerie, maison de la presse, vente d’enveloppes et de timbres, dépôt-vente… Tout est bon pour attirer les clients. « On a essayé de répondre aux demandes des habitants. On a testé plusieurs produits et on a attendu de voir ce qui marchait », indique Carine Kerharo. Une mission plus ou moins réussie. « Le problème, c’est que les gens ont pris l’habitude de faire leurs courses où ils travaillent, du coup, ils ne viennent pas. »
À Pouldouran, le bar-tabac Le Bizien organise même des « trocs party ». Toute personne qui le souhaite peut apporter des vêtements qu’elle ne porte plus et les échanger contre les affaires d’autres participants.
Les collectivités tentent d’aider les cafés
Afin de pallier à ce problème, mairies et communautés de communes ont investi. À Trégrom, par exemple, au Relais du Léguer, la mairie a racheté, en 2009, la licence IV, permettant aux commerces de vendre des boissons alcoolisées à consommer sur place. « Nous voulions relancer la vie. Le dernier commerce de la commune avait fermé en 2001 », déclare la secrétaire de mairie trégromoise. Les locaux, eux appartiennent à Lannion-Trégor Communauté. Avant, les habitants étaient obligés d’aller au Vieux-Marché, à 10 minutes, pour boire un verre.
Afin de soutenir les bistrotiers, qui reprennent des établissements, le distributeur France Boisson a mis en place un prix, en 2013, baptisé « Des cafés pour nos Régions ». Chaque année, cinq d’entre eux peuvent récolter un chèque de 10 000 euros.
Les bistrots, seuls, ne font pas le poids face à l’isolement géographique. Ils ont besoin de l’aide des collectivités ou d’organismes pour survivre.
Lena Guillaume
Crédit photos : Laureline Pinjon